Guillaume Baumgartner, Directeur Général de Repaire, a été interviewé par La Gazette des communes dans le cadre d’un article sur la performance énergétique et ses conditions (financières) de succès.

Article rédigé par Clémence Villedieu, disponible sur le site de la Gazette des communes.

 

La Banque des territoires comme le Crédit agricole mettent en place des outils pour rendre accessibles aux petites et moyennes collectivités les MGPE (Marchés globaux de performance énergétique) avec tiers financement. En espérant que la « mayonnaise » prenne.

Annoncé lors du dernier congrès des Maires, le partenariat entre Engie et le Crédit agricole Transitions et énergies visant à faciliter l’accès aux Marchés Globaux de Performance Énergétique (MGPE) des bâtiments publics avec tiers-financement devrait être finalisé d’ici septembre 2024. Ce nouvel outil associe dans un seul appel d’offres et un seul contrat de performance énergétique l’exploitation, la réalisation de prestations (de travaux, de fournitures ou de services) et le financement de l’investissement.

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Par principe, le MGPE a pour cibles les projets unitaires compris entre 5 à 15 M€. Car comme le précise Guillaume Baumgartner, directeur général du cabinet de conseil Repaire, « un tel outil, qui contrairement aux PPP(Partenariat public-privé) s’appuie sur la maîtrise d’ouvrage publique, impose une organisation puissante de la collectivité pour contrôler toutes les étapes du contrat ».

Avec ce dispositif de paiement différé, l’opérateur paie l’investissement et la collectivité rembourse, à l’issue des travaux et sur la durée du contrat avec un loyer prenant en compte les travaux, fonctionnement (entretien, maintenance) et le financement. « Engie nous cède sa créance au moment de la réception des travaux explique Christine Delamarre. La DGA du Crédit agricole Transitions et énergies, ce qui permet de coter le risque de la collectivité et donc le prix du financement adapté». Le choix de la filiale du Crédit agricole est d‘apporter aux petites et moyennes collectivités qui sont plus démunies face à cet outil innovant et complexe, un accompagnement de conseil et de financement.

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Optimiser les financements

Autorisé par la loi du 30 mars 2023, ce MGPE d’un genre nouveau doit permettre d’ajouter les économies d’énergie réalisées dans le financement de l’opération. La filiale du Crédit agricole et Engie apporteront des conseils pour optimiser les économies d’énergie et la part des subventions (fonds chaleur, CEE…) dans les plans de financement. « Notre effort portera sur la simplification » assure la DGA de Crédit agricole Transitions et énergies, Christine Delamarre.

Un process d’instruction unifié (du front au back office) est en cours de finalisation pour répondre de manière globale aux demandes des collectivités. « Notre priorité est de proposer une solution la moins chère possible » ajoute la DGA de Crédit agricole Transitions et énergies.

Pour un coût équivalent à un prêt bancaire

Le MGPE tiers financement doit, en effet, contourner un obstacle largement décrié pour les PPP, le surcoût financier. Il revient aux collectivités soutenues par des AMO de comparer la réduction de la consommation, le coût des loyers pour la maintenance et le remboursement. «Il faut garder à l’esprit que tout contrat complexe s’accompagne d’aléas et donc de surcoûts. Il faut donc circonscrire les contrats sur la performance énergétique » conseille Guillaume Baumgartner.

Le Crédit agricole va s’appuyer sur un partenariat avec la BEI pour avoir accès à des taux d’intérêt plus intéressants et il se donne pour objectif de proposer aux collectivités des offres de financements équivalentes aux offres de prêts. Pour Sébastien Illouz, responsable du pôle Efficacité énergétique des bâtiments de la Banque des Territoires, « le surcoût lié au financement a l’avantage de permettre d’accélérer les travaux et le coût de l’énergie est supérieur à ce surcoût financier.

Les collectivités ont tout intérêt à ne pas différer les travaux car le coût des énergies continuera à évoluer». La Banque des Territoires a un double positionnement vis-à-vis des MGPE nouvelle version : soutenir par des fonds propres les sociétés de projet et prêter directement à ces structures avec une offre de prêts spécifique.

Mutualiser les efforts en fonds propres

Pour contourner le problème lié à la taille minimale des projets à financer, la Banque des territoires a mis en place EffiWatt une plate-forme dotée de 35 millions d’euros dédiée au financement des travaux de rénovation énergétique avec le groupe spécialisé en énergie Equans et Tikehau Capital, groupe mondial de gestion d’actifs alternatifs. « Cet outil est mutualisé, il va réunir plusieurs projets dans une logique de portefeuille. Certains projets nécessiteront un temps de retour sur investissement à moyen terme tandis que d’autres viseront des économies générées par des travaux à court terme. Naturellement, le TRI (taux de rentabilité interne) ne sera pas le même».

Ouvert au secteur privé (tertiaire et industrie), EffiWatt est aussi accessible aux collectivités. Aujourd’hui, les deux acteurs bancaires reconnaissent que les collectivités ne sont pas encore en rendez-vous. Le Crédit agricole et Engie entendent unir leurs forces pour sensibiliser les collectivités. « Avec une démarche de promotion auprès de nos clients, nous multiplierons les occasions de mettre en avant cet outil innovant qui doit faire ses preuves d’ici cinq ans !» conclut Christine Delamarre.

 

REFERENCES
Décret n° 2023-913 du 3 octobre 2023 relatif aux marchés globaux de performance énergétique à paiement différé